Nouvelle Usine d'Eau Potable SSP2, Lausanne

Concours SIA142, 1er prix, En construction
Saint-Sulpice, Lausanne, 2020
Client: Service de l’Eau, Ville de Lausanne
Project team: Quartal (DT), InSitu (Paysage), Veolia (Process), AB ingénieurs (IC), CSD Ingénieurs (CVSE), Planair (Elec), Xmade (Enveloppe), Nachovillegas (Infographies)

LE SITE
Le site pour la construction de la nouvelle usine de production d’eau potable, prend place face au Lac Léman. Elle vient en remplacement de la station de pompage de Saint-Sulpice mise en exploitation en 1971. Le projet se situe à l’ouest de la commune. Il est délimité à l’ouest par deux terrains de sport accolés à la Venoge, et au sud par le lac et sa promenade.
La parcelle, occupée actuellement par la station électrique dans sa partie nord-ouest et les bâtiments à remplacer, possède un grand parc boisé recensé ICOMOS. Elle profite ainsi d’un environnement calme, vert et apaisant, avec des essences d’arbres très intéressantes : un groupe au sud-ouest de Sequoiadendron giganteum, des Populus nigra ‘Italica’ au sud, un groupe de Cedrus atlantica ‘Glauca’ à l’est, et au nord des plantations indigènes.

INTÉGRATION URBAINE ET PAYSAGÈRE
Insertion Territoriale
Le site constitue un maillon de la structure paysagère, en particulier des prairies humides, des plages et des boisements qui accompagnent les rives et l’embouchure de la Venoge dans le lac. Le projet vient renforcer ce paysage en prenant un soin particulier à maintenir et amplifier ses fonctions écologiques de régulation hydrologique. L’habitat pour la faune associée aux systèmes des rivières et lacustre, aujourd’hui sous pression de l’urbanisation, sont preservés. Ceci se traduit par une densification des plantations d’arbres et de la strate de sous-bois dans la partie ouest du site. À cela s’ajoute les deux bassins de rétention d’eau qui sont traités en pente avec des pierres et des halophytes pour permettre l’implantation de la flore et des habitats caractéristiques des zones humides.
Composition Volumétrique
Le projet est composé de deux volumes qui répondent aux demandes de manières simples et claires, en respectant la logique de fonctionnement de l’usine, tout en valorisant son environnement proche. Ces volumes sont connectés entre eux grâce à un parvis piéton équipé.
Le volume bâti au nord du site, quadrangulaire avec toiture à pignon, intègre le bâtiment réseau et la sous-station électrique existante. A l’est et au sud, la parcelle est occupée par l’usine de production d’eau potable, qui se replie sur elle même pour s’adapter à la topographie. Ainsi le projet minimise l’impact visuel sur les constructions environnantes et l’horizon, en descendant avec des pentes douces vers le lac.

CONCEPT PAYSAGER
Enrichir l’écosystème
Le paysage du site est déjà remarquable par la taille imposante des arbres et des essences présentes face au Léman. Le projet vient compléter ce paysage d’arboretum, en choisissant une écriture paysagère résolument naturaliste. Une diversification des plantations est proposée afin de densifier la strate arborée. Celle-ci complète la strate de sous-bois et de prairies ouvertes, pour aboutir à un écosystème plus riche et complet. Avec ce geste, nous retrouvons des fonctions écologiques associées aux zones lacustres en obtenant un paysage résilient dans le temps.
– La strate arborée est complétée avec des Quercus palustris, Quercus humilis, Fagus sylvatica, Fraxinus sp., Betula sp., Carpinus sp. qui vont rajouter de la couleur et réveler plus fortement le changement des saisons.
– La strate de sous-bois située dans la partie ouest du site vient créer un habitat pour la petite faune locale. Les plantations d’arbustes à fruit lui permettent d’y trouver la nourriture de subsistance nécessaire.
– La strate herbacée située sur le reste du site et en particulier au sud sous les arbres face au Léman préservant ainsi la vue, est constituée de fleurs de sous-bois autochtones avec une palette végétale assurant une floraison sur la plus grande partie de l’année.
Le parc de l’eau. La stratégie globale de drainage des eaux pluviales a pour but de créer des tampons et des collecteurs limitant le ruissellement vers le lac. Ce système hydraulique se structure par un chaînage de zones tampons qui chacune constitue un micro paysage et un habitat particulier : toitures plantées, noues paysagées, bassins de rétention.
Toitures végétalisées. Il s’agit de protéger, réhabiliter et mettre en valeur le système hydrologique et la biodiversité du site. La collecte d’eau, avec une attention particulière aux toits des bâtiments et des zones pavées, ainsi que la canalisation naturalisée.
Noues et de Suds (Sustainable Drainage Systems). Ils permettent une gestion équilibrée qui minimise l’utilisation du pompage ainsi que les dépenses et l’entretien du parc. Ce dernier intègre des noues le long des sentiers et des petits bassins de rétention avec des macrophytes qui aident à purifier l’eau, alimentés par ce réseau à travers des puits d’infiltration.
Boucle des circulations adoucie. Dans la partie nord de la parcelle, nous retrouvons la zone d’accès et circulation des véhicules lourds et dépotages. Cette partie est traitée en enrobé recyclé clair pour une meilleure intégration dans le site.
Parvis piéton. Les deux bâtiments «réseaux» et «process» sont connectés entre eux grâce à un axe piéton équipé. Cette zone minérale devient un grand parvis qui organise les flux et qui établie une frontière adoucie entre les mondes industriel et naturel. Ce parvis avec des joints sable pour garantir la perméabilité du revêtement, intègre des bancs et des couverts à vélos réalisés en pierre naturel, ainsi que la présence d’eau.

NOTE ECO-CONSTRUCTIVE
Matière première
Les systèmes constructifs choisis pour le projet sont basés sur les principes de l’architecture durable et biosourcée: structure en béton récyclé revêtue de blocs préfabriqués en terre crue et toitures vertes avec des espèces indigènes. Il s’agit des systèmes constructifs déjà utilisés dans des bâtiments industriels en Suisse romande et avec des filières présentes dans le canton.
Avec son volume compact replié sur lui même et bien intégré dans la topographie, la nouvelle construction favorise l’efficacité thermique du projet. Ceci est renforcé par sa matérialité; les blocs en terre crue possèdent une grande inertie thermique et isolation phonique. De plus, cet usage des ressources naturelles invite à une sensibilisation environnementale des usagers.
La performance énergétique des équipements de pompage est assurée grâce à la possibilité d’intégration de production photovoltaïque sur la grande surface des toitures vertes.

CHRONOLOGIE
phase 1: Pose de la nouvelle prise d’eau, terrassements et abattement des arbres de la zone sud-est. Construction du bâtiment d’ultrafiltration et nanofiltration avec nouvelle station de pompage, ainsi que les bureaux, la salle de commande et la salle historique.
phase 2: Raccordement et mise en service de la tranche 1 de la nouvelle usine. Démolition du bâtiment des filtres et la station de pompage 1971. Démontage de la conduite au lac existante. Mouvement des terres zone nord pour accès et circulations des camions. Aménagement paysager de la boucle sécurisée.
phase 3: Construction du bâtiment réseau. Construction du bâtiment des filtres à charbon actif et connexion avec la phase 1 de l’usine de production d’eau potable et mise en service de l’ensemble de l’usine. Aménagements paysagers et plantations compensatoires dans le reste de la parcelle.
phase 4 (extension): Réaménagement AOP et filtres CAG. Occupation de la zone réservée pour l’extension de l’étape de traitement. Restructuration du hall et accès aux vestiaires.